Un pont féminin ?
Charlemagne
l'affirmait déjà pendant les années 700 avec la citation: « Que avoir une
deuxième langue, c'est avoir une seconde âme ».
La
manière dont la langue affecte notre perception de la réalité est une question
qui récemment a émergé en tant que domaine de recherche. Dans les années 1930,
les linguistes américains Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf ont donné cette
affirmation un tenue scientifique. Leurs idées sont rapidement devenues
populaires et même inscrites dans des manuels scolaires. Pourtant, lorsque les
preuves ne sont pas apparues, d'autres chercheurs ont commencé à douter ce
vérité. Dans les années 1970 cette hypothèse est devenue une relique
historique.
L’idée
a pendant longtemps été tabou mais maintenant des nouvelles recherches dans le
domaine commence à apparaitre. Cependant, alors que Sapir-Whorf pensait que des
différentes langues créaient des mondes complètement différents, les hypothèses
explorées aujourd'hui sont plus nuancées. Il se peut par exemple que deux
personnes, parlant des langues différentes, se focalisent sur différentes
choses lors de la description d'une scène.
La perception
de couleurs est un domaine de recherche populaire, car dans des différentes
langues il existe beaucoup de mots pour les couleurs. Mais, l’interrogation est
de savoir dans quelle mesure ce fait affecte notre perception de la réalité, ou
s’il est important pour notre communication sur couleurs.
Lorsque
l'on compare les différences entre langues pour objets basés sur genre la chose
devient plus concrète. Il a par exemple été montré que les langues germanophone
et hispanophone décrivent un pont de différentes manières. Un pont est en
allemand féminin, die Brücke, et ces
constructions sont souvent décrites comme beau, élégant ou douloureux. Pourtant,
pour les hispanophones, qui utilisent un nom masculin, el puente, les caractérisent sont plutôt grand, fort, puissant et
lourd.
De
mon expérience personnelle je n’ai jamais vu autant de ponts élégants qu’en
Allemagne. Je me demande.
Un pont masculin ?
La perception du temps est un autre domaine qui intéresse les chercheurs.
Quand
les Suédois expriment combien de temps s’est écoulé, ils utilisent des termes
qui décrivent la longueur, c’est-à-dire un temps long ou un temps court. Par
contre, les Espagnols préfèrent parler en termes de quantité, beaucoup ou peu de
temps.
La
possibilité d’exprimer des nuances ont aussi un impact sur notre perception de
la réalité.
L'auteur
George Orwell a compris le pouvoir que des mots peuvent avoir sur la façon dont
nous percevons le monde. Lorsqu'il décrit le dictateur Angsoc dans le livre
1984, il a donné le gouvernement un puissant moyen sur la langue. En créant ce
qu'il appelle le novlangue, (newspeak en anglais), le dictateur pourraient
empêcher les critiques et assurer leur propre vision du monde. Entre autres, il
y n’avait pas de synonymes avec le but de supprimer les nuances de la langue,
ce qui rendait plus difficile à exprimer des critiques. C’était pour ou contre
et le destin pour ceux qui utilisaient la dernière option n’était pas douce.
Aujourd'hui,
c'est la nouvelle langue de Donald Trump qui est étudiée et analysée. Trump
décrit souvent les gens ou les États comme « incroyables, formidables, forts,
faibles ou perdants ». Lorsque les nuances disparaissent, il n’y a plus de
place pour compromis et les superlatifs effacent la frontière entre faits et
opinions. Une autre méthode consiste à essayer d'influencer la perception de la
réalité des citoyens avec des mots tels que « fausses nouvelles » et « faits
alternatifs ».
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