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lundi 21 janvier 2019

Notre perception de la réalité et langues


Un pont féminin ?

Charlemagne l'affirmait déjà pendant les années 700 avec la citation: « Que avoir une deuxième langue, c'est avoir une seconde âme ».

La manière dont la langue affecte notre perception de la réalité est une question qui récemment a émergé en tant que domaine de recherche. Dans les années 1930, les linguistes américains Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf ont donné cette affirmation un tenue scientifique. Leurs idées sont rapidement devenues populaires et même inscrites dans des manuels scolaires. Pourtant, lorsque les preuves ne sont pas apparues, d'autres chercheurs ont commencé à douter ce vérité. Dans les années 1970 cette hypothèse est devenue une relique historique.

L’idée a pendant longtemps été tabou mais maintenant des nouvelles recherches dans le domaine commence à apparaitre. Cependant, alors que Sapir-Whorf pensait que des différentes langues créaient des mondes complètement différents, les hypothèses explorées aujourd'hui sont plus nuancées. Il se peut par exemple que deux personnes, parlant des langues différentes, se focalisent sur différentes choses lors de la description d'une scène.

La perception de couleurs est un domaine de recherche populaire, car dans des différentes langues il existe beaucoup de mots pour les couleurs. Mais, l’interrogation est de savoir dans quelle mesure ce fait affecte notre perception de la réalité, ou s’il est important pour notre communication sur couleurs.

Lorsque l'on compare les différences entre langues pour objets basés sur genre la chose devient plus concrète. Il a par exemple été montré que les langues germanophone et hispanophone décrivent un pont de différentes manières. Un pont est en allemand féminin, die Brücke, et ces constructions sont souvent décrites comme beau, élégant ou douloureux. Pourtant, pour les hispanophones, qui utilisent un nom masculin, el puente, les caractérisent sont plutôt grand, fort, puissant et lourd.

De mon expérience personnelle je n’ai jamais vu autant de ponts élégants qu’en Allemagne. Je me demande. 

 Un pont masculin ?

La perception du temps est un autre domaine qui intéresse les chercheurs.
Quand les Suédois expriment combien de temps s’est écoulé, ils utilisent des termes qui décrivent la longueur, c’est-à-dire un temps long ou un temps court. Par contre, les Espagnols préfèrent parler en termes de quantité, beaucoup ou peu de temps.

La possibilité d’exprimer des nuances ont aussi un impact sur notre perception de la réalité.

L'auteur George Orwell a compris le pouvoir que des mots peuvent avoir sur la façon dont nous percevons le monde. Lorsqu'il décrit le dictateur Angsoc dans le livre 1984, il a donné le gouvernement un puissant moyen sur la langue. En créant ce qu'il appelle le novlangue, (newspeak en anglais), le dictateur pourraient empêcher les critiques et assurer leur propre vision du monde. Entre autres, il y n’avait pas de synonymes avec le but de supprimer les nuances de la langue, ce qui rendait plus difficile à exprimer des critiques. C’était pour ou contre et le destin pour ceux qui utilisaient la dernière option n’était pas douce.

Aujourd'hui, c'est la nouvelle langue de Donald Trump qui est étudiée et analysée. Trump décrit souvent les gens ou les États comme « incroyables, formidables, forts, faibles ou perdants ». Lorsque les nuances disparaissent, il n’y a plus de place pour compromis et les superlatifs effacent la frontière entre faits et opinions. Une autre méthode consiste à essayer d'influencer la perception de la réalité des citoyens avec des mots tels que « fausses nouvelles » et « faits alternatifs ».

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