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dimanche 9 septembre 2012

Une demi-feuille de papier

Ce texte d’August Strindberg ne contient pas beaucoup de mots, mais il relate quand même deux ans de la vie d'un homme. Les phrases sont une vitrine de l’art multitâche et le non-dit. Aucune mot est inutile - pourtant tout est dit. 

Ce sont des mots d’un site qui veut rendre Strindberg, mon auteur préféré de toutes catégories, connues pour des lycéens suédois et autres.

Le texte de 1903 a été nommé meilleur du monde des histoires courtes dans un programme de radio de 2006.  Il est très aimé mais aussi controversé. Sur la base d'une liste avec des noms et des chiffres, cloué sur le mur à côté du téléphone, on est invité d’en moins de 600 mots lire un regard rétrospectif sur les deux derniers années du personnage principal - deux ans d'anticipation, adversité, joie et tristesse.

Sur le site le texte est accessible en 25 langues, le somalien inclut, mais ne pas en français. Ceux qui préfèrent de l’écouter au lieu de lire mon traduction peuvent le faire ici.  

Une demi-feuille de papier

La dernière voiture de déménagement est terminée, le locataire, un jeune homme avec un crêpe à son chapeau, marchait encore une fois à travers les planchers pour regarder s'il avait oublié quelque chose. Non, il n'avait rien oublié, absolument rien. Alors il alla au vestibule, déterminé à ne jamais penser à ce qu'il vécut sur ce sol. Pourtant voila, dans le hall, à côté du téléphone, il y avait une demi-feuille de papier cloué et écrit en plusieurs styles, certaines correct avec l'encre, d'autre griffonné au crayon ou au stylo rouge. Il était là, cette belle histoire, qui se passa pendant dans le court délai de deux ans, tout ce qu'il voulait oublier était là, un morceau de vie humaine sur une demi-feuille de papier.

Il décrocha la feuille, elle était de ce papier jaune, ensoleillée, qui brille. Il la mit sur l'étagère du cheminé et c'est en se penchant dessus qu'il la lut. D'abord au début son nom : Alice, le plus beau nom qu'il connaissait, car elle fut sa fiancée. Et le numéro – 15 11. Il ressemblait à un numéro d'un hymne à l'église. Puis c'était marqué la banque. Ce fut son métier, le métier saint, qui offrait le pain, l'appartement et la femme, les fondements de la vie. Mais il fut barré ! Parce que la banque se effondra, mais après une courte période de beaucoup d'anxiété il fut sauvé par une autre banque.

Puis il apparut. La boutique de fleurs et le cocher. C'était l'alliance, quand il avait la poche pleine de monnaie.

Puis : le commerçant de meubles, le tapissier : ils arrangent le nid. Agence exprès : elle installe.

Réservations opéra : 50 50. Ils sont mariés et ils vont à l'opéra les dimanches. Ils passent leurs meilleurs moments assis en silence, et se rencontrent dans la beauté et l'harmonie des contes d'autre côté du rideau.

Voici le nom d'un homme, qui est barrée. Ce fut un ami, qui se dressa haut dans la communauté, mais ils ne pouvaient pas supporter le bonheur et il tomba, irrémédiablement, et dut voyager loin. Elle est si fragile !

Ici, quelque chose de nouveau entra dans la vie familiale. Il est écrit par la main d'une dame, et en crayon : «Maîtresse». Quelle maitresse ? Eh bien, celle avec le grand manteau et le visage compassionnelle et sympathique, qui arrive sans bruit, et ne passe jamais par la salle, mais prend le couloir pour aller à la chambre.

En dessous son nom, Dr. L.

Pour la première fois surgit le nom d'un parent. Il est écrit : «Maman». C'est sa mère, qui avait discrètement se tenus à l'écart afin de ne pas interférer avec les nouveaux mariés, mais maintenant, appelé en temps de détresse, arrive avec jouie car elle est nécessaire.

Ici commence un gribouillage en bleu et rouge. Commission d'ordonnances : La bonne déménagea, devront-nous engager une nouvelle ? La pharmacie. Hum ! Le laitier. Il peut apporter du lait sans contagion tuberculeuse.

Le boucher, l'épicerie, etc. Le foyer commencé d'être mener par téléphone, parce que la maîtresse n'est pas au poste. Non. Car elle est au lit.

Ce qui suivait, il ne pouvait pas le lire, parce qu'un crépuscule s'installa dans ses yeux, comme chez un noyé dans la mer, quand il voit au travers de l'eau salée. Mais il était écrit : Maison Funéraire. Voila des mots qui parlent. Puis un gros cercueil et un plus petit cercueil implicite. Et, entre parenthèses, il est écrit poussière.

Puis il n'y avait plus rien ! La poussière c'était la fin ; et elle l'est.

Mais il prit le papier brillant comme le soleil, le baisa et le mit dans sa poche de poitrine.

En deux minutes, il avait vécu deux ans de sa vie.

Il n'était pas courbé quand il sortait, au contraire il portait sa tête haute, comme un homme heureux et fier, car il sentait qu'il avait fait l'expérience la plus belle. Combien de pauvres, n'ont jamais eu cette chance !

2 commentaires:

  1. merci pour cet article, qui me donne envie de mieux connaître cet auteur ,son oeuvre et sa vie.
    je crois que je ne vais pas oublier ce texte de si tôt.
    il fait surgir tant de reflexions et d'interrogations sur la parole , le partage des émotions ,les expériences de la vie et ce qu'il nous en reste ...
    et encore beaucoup d'impressions au delà des mots

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  2. Essaye de trouver le livre Les Gens de Hemsö, actuellement indisponible chez Amazon.

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